L’impact du Covid-19 sous le regard de nos chercheurs et collègues du laboratoire – Épisode 3
Les membres du Centre de Documentation Michel Dinet ont dû faire face à une situation inédite durant cette période de confinement.
Quelques collègues y ont répondu, qu’ils en soit remerciés. La contribution porte sur leur regard par rapport au ressenti lié à la situation de confinement et au vécu de cette période. Nous vous proposons de prendre connaissance de leurs réponses chaque semaine. Voici donc le troisième témoignage.
Ce confinement a-t-il changé votre vision de la recherche, de vos pratiques de recherches (diffusion, confrontation d’idées..)? De quelle manière ?
Non, ça n’a pas changé ma vision de la recherche, même si j’ai dû adapter mes pratiques, en espérant que cette adaptation soit provisoire. Au contraire, je me suis aperçu que les échanges en chair et en os étaient définitoires de ma pratique et de l’idée que je me fais de la recherche.
Ces situations exceptionnelles pourraient-elles donner de nouvelles pistes aux recherches conduites en SHS, particulièrement en SDL ?
C’est possible que ce soit le cas pour d’autres collègues, mais pas pour moi.
L’exercice de votre métier pendant cette crise sanitaire a-t-il permis l’utilisation de nouveaux outils ou de méthodes de travail ? Avez-vous des exemples ?
Il a fallu se mettre à l’usage des outils de visioconférence de manière massive. Si cela peut être pertinent pour des sessions d’information où le dialogue n’est pas indispensable, ces dispositifs se révèlent inadaptés aux débats et aux discussions. Et pour l’enseignement, je trouve vraiment que ce n’est pas adapté pour les cours que je dispense. Il y a besoin d’échanges en direct et de discussions. Il faut pouvoir voir les réactions des étudiant-es pour pouvoir réajuster son propos ou pour savoir à quel moment il faut approfondir ou reformuler une notion.
Quels ont été les impacts liés à l’organisation du travail pendant la période de confinement ? (vie académique en pause, évènements, rencontres, réunions…)
La partie recherche s’est fortement affaiblie, car il est très difficile de travailler en équipe à distance. Par exemple, quand on travaille sur des corpus à annoter, il faut pouvoir discuter des choix d’annotation. Les dispositifs de visioconférences ne permettent pas une interaction suffisamment fluide pour cela. Et au bout de peu de temps, l’attention se relâche fortement. Et la convivialité aussi n’est pas au rendez-vous des discussions à distance…
Pour ce qui est des conseils à distance, c’est le président de l’instance qui accapare la parole encore plus que d’habitude et la contradiction est presque impossible. Je ne dis pas ça pour les réunions de l’EDE mais pour les séances du CHSCT de l’UL.
Quelles sont les choses qui vous ont le plus manquées ou marquées durant ce confinement, hors cadre professionnel ?
La rapidité avec laquelle tout a été mis à l’arrêt alors que deux ou trois jours avant on n’imaginait pas que tout le monde serait confiné, ni que ce serait possible de le faire. Et ce qui m’a le plus dérangé durant cette période, c’est l’infantilisation. On a été réduit à des personnes qui ne savaient pas ce qu’elles devaient faire et à qui on disait comment elle devait se comporter. Cela s’est matérialisé concrètement par la tendance à la répression (amendes, contrôles de police, etc.) et l’existence de l’attestation à remplir dès lors que l’on voulait mettre le nez dehors.